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Questionnaires de compréhension de lecture : La révolte des choses

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Exercice n°3

Choisis dans le menu la bonne réponse.

  1. Tu devras choisir dans le menu déroulant entre plusieurs réponses.
  2. Un mot peut être utilisé plusieurs fois.
  3. Clique ensuite sur le bouton "Vérifier".
  4. Imprime tes résultats si l'enseignant te le demande.
  5. Va chercher ta feuille à l'imprimante.
  6. Reviens devant le PC et appuie sur les touches CTRL + F5 du clavier pour relancer l'exercice, si un autre élève passe après toi.

Laissés à la garde d'un grand-père bien trop occupé à dormir pour s'occuper de sa tâche, des enfants démontent, dévissent tous les objets de la maison... qui ne vont pas tarder à se révolter.

Le jeudi matin, quand les enfants se levèrent :
— Qu'allons-nous démonter aujourd'hui ? demanda Eric.
— On va les boules de cuivre de l'escalier pour voir ce qu'il y a dedans, décréta Hermine.
— Très bien, dirent-ils.
Et ils se précipitèrent dans l'escalier pour commencer.
Mais l', qui les avait entendus, ne les accueillit pas comme d'habitude. Ordinairement un escalier est une chose solide, ferme, résistante, sur laquelle on se sent bien à l'aise quand on sait marcher.
Ce jour-là l' avait un drôle d'air. Il ondulait, comme une couleuvre dans l'herbe. Il oscillait de gauche à . Quand on voulait s'accrocher à la rampe, celle-ci devenait comme un bâton de guimauve. Le tapis frétillait sous les pieds comme une peau de chat qu'on caresse à rebrousse-poil.
Hermine fit un pas, deux . Jacques la suivit. Eric les regardait sans comprendre ce qui se passait. Il s'engagea à son tour, et quand il crut mettre le pied, en descendant, sur la deuxième , plouf ! celle-ci se baissa. Jacques tomba, glissa, dégringola l'escalier, alla se cogner le front contre une des boules de de la rampe, et se retrouva assis sur le tapis-brosse d'en bas, avec un très gros mal au cœur et une énorme sur la tête. Hermine et Jacques, terrorisés, s'étaient assis sur la quatrième marche et se cramponnaient l'un à l'autre. Jacques commençait à avoir le mal de mer. L'escalier se balançait, montait, redescendait, se rebroussait, mélangeait ses marches. Les deux enfants entreprirent de remonter à quatre , mais c'était difficile. Heureusement pour eux, à ce moment-là Nounou entra, et comme par enchantement l'escalier redevint un escalier normal, immobile, paisible.
— Qu'est-ce que vous avez encore trouvé comme bêtise à faire ?! s'écria Nounou. Et apercevant Eric :
— Eh bien ! vous êtes dans un bel état !
— C'est l'escalier, essayèrent d'expliquer les enfants.
Mais Nounou haussa les épaules, et alla chercher l’arnica pour mettre sur la bosse d'Eric. Ils sentirent qu'elle se moquait d'eux, et ils furent très en colère. Cet escalier, quel hypocrite !
L'après-midi, ils décidèrent pourtant, puisqu'il n'y avait rien à faire pour démonter les de l'escalier, de s'attaquer au grand lustre du salon. C'était un très beau en verre de Venise, brillant de mille et une facettes, et il fallut organiser pour l'atteindre un véritable . Mais quand Hermine, qui n'était pas seulement désobéissante, mais était également très coquette, fut arrivée en haut, elle voulut se regarder dans la glace. Horreur ! Quand elle voulut s'admirer dans la , elle ne trouva qu'une affreuse petite sorcière qui lui ressemblait bien un peu, qui faisait les mêmes gestes qu'elle, levait un bras, tirait la , s'inclinait, mais qui était laide, affreusement laide, terriblement . Eric s'approcha de la glace, et il vit une sorte de petit monstre qui le dévisageait, une caricature d'Eric, un Eric difforme, boursouflé, et effrayant à regarder.
Les enfants se mirent à pleurer, et l'émotion fit tomber Hermine du haut de son échafaudage de tables et de chaises qui s'écroulèrent toutes en même temps. Elle se fit très mal, et pleura encore plus fort. Grand-père, qui dormait, fut réveillé par le tumulte. Il entra dans le salon. Les enfants lui montrèrent le miroir en disant :
— C'est la glace, c'est la glace !
Mais il n'aperçut dans la glace que son image, parfaitement ressemblante, parfaitement correcte. Il hocha la tête, de l'air de dire « Ces enfants sont un peu fous », et il alla se rendormir dans son fauteuil. Hermine, Jacques et Eric étaient terrorisés.
La révolte des choses ne se borna point là. Les animaux et les objets étaient vraiment passés à l'action. Jacques ayant marché par inadvertance sur la queue du : « Vous ne pourriez pas regarder où vous mettez vos ? » s'entendit-il dire très sèchement.
Les lacets de se nouaient d'eux-mêmes pendant la nuit. Les pendules survivantes n'obéissaient plus à d'autre règle que leur caprice, marquaient neuf quand il était midi, et quand il était trois heures. Les branches du grand ormeau venaient la nuit frapper les carreaux de la des enfants avec une effrayante régularité. L'encre changeait de couleur à mesure qu'on , toutes les plumes faisaient sur les devoirs de vacances de gros pâtés, le savon dans le bain fondait en un clin d' ou bien refusait de mousser, le sucre refusait de fondre, le perroquet Coco disait des gros , le serin Nicomède sifflait comme un merle, les miroirs faisaient des grimaces, les tapis vous faisaient des croche , les choses étaient révoltées. Et le chat Léonard chantait entre ses moustaches :

N'éveillez pas l'objet qui dort,

Laissez l'objet à son silence,

Etre tranquille c'est son sort

De pauvre chose sans défense.

N'éveillez pas l'objet qui dort,

Il est méchant quand on l'ennuie.

La descente de lit vous mord,

La porte bat toute la nuit.



Claude Roy, La maison qui s'envole, Ed. Gallimard (coll. Folio-Junior).

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