Maya et le musicien

 

Maya est une petite fille de la ville...

... Une ville c'est un très …………………………. nombre de …………………………. , vivant dans des  …………………………. empilées les unes sur les …………………………. , le long d'étroits couloirs appelés des …………………………. , ou, s'ils sont un peu plus larges, avenues, boulevards, places ou squares ; ces derniers ont quelquefois des arbres. Ces temps-ci, les maisons ont tendance à pousser de plus en plus ………………………….  (on les appelle alors des gratte-ciel) et à s'étendre sur des espaces de plus en plus …………………………. . En conséquence, pour aller du coin où l'on habite à celui où l'on travaille, les pieds ne suffisent …………………………. , les chevaux et les bicyclettes non plus. On emprunte donc des engins dits autos,  …………………………. ou métro. Les habitants des …………………………. sont d'autant plus pâles et plus pressés que leur …………………………. est grande. Mais leur caractéristique principale, d'après Maya, est qu'ils ne s'étonnent de rien.

Comme un village, une grande …………………………. est gouvernée par un maire. Le nôtre s'appelle Honoré de Canonsou, et j'ai entendu dire qu'il a des liens de parenté avec à peu près tous les …………………………. du monde...

Maya aimait bien se rendre dans un square...

Le square se trouve au fond d'une impasse. Il est bordé à droite par un immeuble de bureaux, à gauche par le mur d'un entrepôt, et au fond par une maison. Une boutique de parapluies en occupe le rez-de-chaussée, et son propriétaire, Arthur Jérémie Pépin, le premier étage. Au deuxième habite un voyageur de commerce presque toujours absent, et la famille Poulopot au troisième. Le  …………………………. est si petit qu'on n'y a même pas posé de grille. Il y a trois marronniers, deux bancs, une corbeille à papiers et plusieurs arbustes ou buissons. En été, il paraît qu'il y a aussi du gazon... ou, du moins, qu'il y en avait.

Un musicien y venait surtout vers cinq heures, fuyant les foules des heures de pointe, les klaxons et la cohue qui, disait-il, cachaient le crépuscule et sa « vieille amie », l'étoile du soir.

Il était déjà là lorsque j'y arrivai, et me voyant il sortit son violon et se mit à jouer.

Bientôt, une fillette aux cheveux roux apparut. C'était Maya. Elle se planta devant nous, son cartable à la main, regardant tour à tour le musicien, son violon, puis les marronniers, dont les branches dénudées semblaient griffer le ciel gris. Elle souriait, mais redevint sérieuse dès que la chanson finit,'

     Voilà la chanson des arbres que vous m'avez demandée, me dit le musicien.

J'essayai de la jouer, mais je n'y arrivai pas.

     C'est comme cela, corrigea le musicien, et il la répéta.

Maya se remit à sourire, en regardant les arbres nus d'un air ravi et étonné à la fois. Qu'y voyait-elle ? me suis-je demandé. Et, comme s'il avait lu dans mes pensées, le musicien me souffla :

     Regarde dans ses yeux !

Les marronniers se miraient au fond de ses prunelles, tête en bas, comme dans un lac... et ils avaient des feuilles de toutes les couleurs !

Béatrice Tanaka,

Maya ou la 53e semaine de l'année, Ed. La Farandole.