Conte en [ɑ̃]

												L'Empereur et le Serpent Enchanté

Dans un lointain royaume, sous un ciel balayé par le vent, vivait un empereur très grand et très puissant. 
Son palais, entouré de hauts remparts, abritait des trésors venus des quatre coins du monde.  

Un dimanche, un marchand mystérieux arriva au palais, portant une boîte enveloppée d’un tissu brillant.  
— Ô grand empereur, annonça-t-il, je vous apporte un objet d’un puissant enchantement ! Mais prenez garde, car il peut vous transformer de manière… différente.  

L’empereur, intrigué, ouvrit la boîte. À l’intérieur, il découvrit un serpent aux écailles d’argent, qui le regardait avec malice.  
— Quelle merveille ! s’exclama l’empereur en caressant son menton. Mais en quoi cet animal est-il magique ?  
— Si vous lui posez une question, il vous répondra avec sagesse… Mais attention, il faut bien formuler votre demande ! prévint le marchand.  

L’empereur, certain d’être plus malin que tout le monde, approcha son visage du serpent et demanda :  
— Comment puis-je devenir le plus respecté de tous les souverains ?  
Le serpent siffla, puis murmura :  
— En comprenant le sens du mot… patience.  

Mais l’empereur, trop pressé d’obtenir sa récompense, ignora l’avertissement et lança l’ordre :  
— Alors, transforme-moi immédiatement en l’empereur le plus grand et le plus puissant !  
Aussitôt, un tourbillon d’enchantement l’entoura. En un instant, il sentit son corps s’élargir, ses vêtements s’allonger, et son turban gonfler comme un ballon… mais il continua de grandir !  
— Arrêtez ça ! cria l’empereur en voyant son palais devenir minuscule sous lui.  
Mais le serpent siffla en riant :  
— Je n’ai fait qu’exécuter votre ordre. Vous êtes maintenant le plus grand… bien trop grand pour votre propre royaume !  

Pris de panique, l’empereur manqua de tomber sur son propre palais et dut s’asseoir en catastrophe sur une montagne voisine.  
Seul un enfant du palais, un jeune serviteur malin, trouva la solution :  
— Majesté, il faut demander au serpent de vous rendre votre taille normale… avec attention cette fois !  
L’empereur, penaud, réfléchit un instant et dit :  
— Serpent, je veux être un souverain respecté non par ma taille, mais par ma sagesse.  

D’un coup, un nouveau tourbillon apparut, et l’empereur retrouva sa taille normale. Depuis ce jour, il apprit à écouter avant d’agir, et le serpent magique devint son plus fidèle conseiller.