Exercice n° 11
Les premiers instants, Tara n’avait pas compris. Désespérément, elle avait tenté, en les poussant du museau et de la patte, de redonner vie aux petits corps qui ne bougeaient plus Quand elle était partie en chasse, ils jouaient, se bousculaient, se mordillaient. Bien qu’encore aveugles et maladroits sur leurs pattes, ils manifestaient toujours tant de vivacité et de joie quand ils retrouvaient leur mère!
Mais plus maintenant. Maintenant, il ne régnait dans le terrier que l’immobilité, le froid, et cette enivrante odeur du sang envahissait les sinus de Tara. Alors la vérité s’abattit sur la louve: ses petits étaient morts.
Qui avait perpétré ce forfait ? Un ours ? Un de ses frères de race, solitaire comme elle l’était depuis que Gort, son mâle, avait disparu ? Elle ne reconnaissait pas l’odeur étrangère qui flottait autour des cadavres. Et sans doute comprenait-elle confusément qu’un fauve aurait dévoré ses bébés au lieu de laisser leur dépouille intacte.
Le coupable, c’était plutôt un de ces bipèdes qui semblaient être de plus en plus nombreux dans la région — ces créatures sans pitié capables de tuer pour rien, de loin, avec des pointes de fer qui volaient dans l’air et qu’on ne voyait pas venir.
Les hommes !
Alors qu’elle émergeait du bois de chênes et de pins qui tapissaient la colline, la rage et la peine s’étaient éloignées de l’esprit de la louve. Remplacées par des besoins plus pressants la faim, la soif. Elle fronça le museau pour capter les émanations présentes dans l’atmosphère.
Jean-Pierre Andrevon, Emre Orhun, François Roca Collection : Contes et Légendes © Nathan
Exercice réalisé avec CLICMOT © 2009 SCALPA, tous droits réservés - Utilisation encouragée ;o}