Exercice n° 12
Elle s’était aplatie, et avait avancé en rampant. Ses tétines, douloureuses parce que gonflées de lait, s’accrochaient aux aspérités du terrain. Lorsqu’elle parvint à la source odorante, l’étonnement lui fit ravaler son grondement. Ce qu’elle avait sous les yeux ne correspondait à rien de ce qu’elle avait connu.
Des hommes ? Ils étaient deux, allongés dans une sorte de panier d’osier que la rivière avait dû rejeter sur la berge. Le panier était pris dans les racines d’un grand arbre qui s’était élevé en bordure d’une grotte naturelle. À l’intérieur, les deux créatures battaient des bras et des jambes. Leur peau était rose pâle, entièrement dépourvue de poils. Ils étaient hideux. Et, surtout, c’étaient les plus petits hommes que Tara eût jamais vus.
Prudente, elle s’était infiltrée entre les racines pour flairer les corps minuscules. Les petits s’agitaient, émettaient des bruits aigus avec leur bouche. Ces cris plaintifs ont rappelé confusément quelque chose à Tara. Oui : les cris de ses bébés lorsqu’ils avaient réclamé leur tétée.