Exercice n° 5
« Que ces maisons sont belles, pensait-il, et combien heureux doivent être les gens qui les habitent ! Eux au moins ne se font pas de souci pour l'avenir ! »
Il retournait cette pensée dans son esprit lorsqu'il aperçut, droit devant lui, une villa qui était, certes, plus petite que bien d'autres, mais remarquablement finie, si mignonne, si jolie qu'on eût dit une maison de poupée.
Les escaliers qui conduisaient à cette villa brillaient comme de l'argent et les plates-bandes du jardin faisaient l'effet d'autant de guirlandes, tandis que les fenêtres étincelaient comme des diamants. Keawe s'arrêta court, tout surpris d'une telle perfection et, comme il s'arrêtait, il aperçut un homme qui l'épiait à travers un carreau. Si transparente était la vitre que Keawe distinguait l'homme tout comme on voit un poisson nager dans les eaux claires d'un atoll. Il n'était plus tout jeune ; il avait la tête chauve, la barbe noire, et son visage exprimait un grand chagrin. De temps à autre, il donnait l'impression de soupirer profondément. En vérité, si Keawe regardait l'homme avec envie, l'homme regardait Keawe avec une envie non moins grande.
Soudain, Keawe vit l'homme se dérider et esquisser un sourire. Il fit un petit signe de tête et, d'un geste, invita Keawe à entrer, s'avançant à sa rencontre jusque sur le pas de la porte.
Le diable dans la bouteille R. L. Stevenson
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